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GRÈVE DU LAIT L'EMB fourbit ses armes

Les panneaux annonçant la grève ont fleuri dans plusieurs régions. Apli et OPL ont multiplié les réunions pour mobiliser les troupes.

La menace d'une grève européenne du lait en septembre se précise. En France, elle est portée par l'OPL et l'Apli, mais « quid » de son ampleur ?

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Les estivants qui se promenaient sur les routes de campagne de l'Ouest et du Sud-Ouest n'ont pas pu échapper à ces panneaux qui annoncent une grève du lait imminente. Leurs auteurs : des membres du syndicat OPL (Coordination rurale) ou de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants), tous deux adhérents au syndicat européen EMB (European Milk Board), présent dans quinze pays.

Début juillet, l'EMB, ne constatant aucun fléchissement de la politique laitière européenne, avait décidé de déclencher une grève européenne au cours du troisième trimestre. Il semblerait que la menace se précise pour septembre. La date serait fixée, mais encore tenue secrète. Peut être vers le 7 septembre, date de la réunion des ministres européens de l'Agriculture. Toujours selon l'EMB, la France et l'Allemagne en seraient les fers de lance, suivies par l'Autriche, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, mais aussi les Pays-Bas et l'Italie.

Bref, un mouvement que les adhérents souhaitent massif et coordonné. Car il ne s'agit pas de refaire les mêmes erreurs qu'en 2008 où les grévistes allemands s'étaient retrouvés bien seuls. « Cette grève ne portera ses fruits que si elle est européenne », prévient l'EMB.

« Si la Bretagne et la Normandie jouent le jeu, nous ne pouvons pas perdre »

Leur revendication : changer radicalement de politique laitière pour un prix aux producteurs rémunérateur. Pour y parvenir, il demande qu'une instance de contrôle européenne fixe un volume de lait à produire adapté à la demande. Autrement dit : une maîtrise stricte de la production à mettre en place immédiatement de façon à ce que le prix atteigne 400 €/t au 1er janvier 2010. En France, l'Apli et l'OPL ont multiplié les réunions pour tenter de fédérer un maximum d'éleveurs, souvent avec des arguments chocs : « Nous pouvons faire avec le lait ce que l'Opep a réussi avec le pétrole », « Si la Bretagne et la Normandie jouent le jeu, nous ne pouvons pas perdre ». Alors combien seront-ils à jeter leur lait ? Difficile de se prononcer. Les partisans s'attentent à un mouvement massif. Les adversaires (FNPL, Confédération paysanne) n'y croient pas. Sur la méthode, l'Apli et l'OPL avertissent : « Pour être efficace la grève devra durer plus de quatre jours. Plus nous serons nombreux, plus nous obtiendrons rapidement ce que nous voulons. Mais pas question de faire pression sur les voisins qui ne s'y engagent pas. Nous pourrons laisser quelques litres dans le tank de façon à prévenir les menaces de rupture de contrat. », disent-ils.

Quant à savoir si ce mouvement s‘accompagnera ou non d'un blocage des camions au niveau des laiteries, la décision ne serait pas encore prise.

« Quoi qu'il en soit, il y aura des actions devant les sites de transformation. Nous nous préparons aussi à une surveillance des frontières. Pas question que les transformateurs aillent s'approvisionner ailleurs pendant la grève », prévient l'OPL.

DOMINIQUE GRÉMY

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